« Dans un monde troublé, l’intelligence collective est indispensable. »

Le directeur de la CCIG Vincent Subilia a pris la présidence de la faîtière regroupant les 19 chambres de commerce suisses et du Liechtenstein en juin dernier.

Vincent Subilia a rejoint la banque J.P. Morgan après avoir passer son brevet d’avocat. Il fonde en 2009 AGIR – Action pour la Genève internationale et son rayonnement – une association pour sensibiliser la société civile à l’importance de la Genève internationale. Conseiller municipal en ville de Genève de 2012 à 2018, il siège maintenant au Grand Conseil genevois comme député PLR. En 2015, il est nommé directeur adjoint de la CCIG avant d’en devenir le directeur. Depuis 2025, il préside la Chambre de commerce et d’industrie suisse (CCIS).

Le directeur de la CCIG Vincent Subilia a pris la présidence de la faîtière regroupant les 19 chambres de commerce suisses et du Liechtenstein en juin dernier. Son ambition : renforcer la visibilité et la crédibilité des chambres, défendre les entreprises dans un contexte économique incertain et préserver l’attractivité de la Genève internationale. Entre franc fort, tarifs douaniers et pressions géopolitiques, il plaide pour une Suisse soudée, capable de valoriser ses atouts au-delà des frontières.

Influence : Vincent Subilia, vous présidez depuis juin dernier la Chambre de commerce et d’industrie Suisse. Une présidence qui arrive à un moment empli d’incertitudes pour l’économie suisse.
Vincent Subilia : Les opportunités sont nombreuses, et les défis tout autant. Nous sommes dans une période charnière, marquée par des changements rapides dans l’économie mondiale, la transition énergétique et la digitalisation. Notre rôle, en tant que Chambre faîtière, c’est d’accompagner les entreprises suisses dans cette évolution, de défendre leurs intérêts et d’assurer une coordination efficace entre les différentes chambres du pays.

Influence : Vous parlez de coordination : concrètement, comment cela se manifeste-t-il entre les différentes chambres de commerce ?
VS : Nous mettons en place des plateformes d’échange, organisons des rencontres régulières et lançons des initiatives communes. Il est essentiel d’unir nos forces pour répondre aux enjeux régionaux tout en gardant une vision nationale forte. Cela passe par le dialogue constant, le partage des expériences et la mutualisation des ressources. Nous souhaitons aussi renforcer la formation professionnelle, soutenir l’innovation et plaider pour un environnement réglementaire stable et compétitif. Ce sont, à mes yeux, les piliers de la prospérité économique suisse.

Quels sont vos objectifs pour cette année de présidence ?
VS : Mon objectif est que cette institution gagne encore en visibilité, en crédibilité et en légitimité. Dans un monde troublé, l’intelligence collective est indispensable : il faut tirer à la même corde, avec un objectif commun – défendre et promouvoir nos membres. C’est le rôle premier d’une chambre de commerce.

Pourtant, le reste de l’année, les chambres de commerce sont en concurrence pour attirer les entreprises sur leur territoire. Ce n’est pas contre-intuitif de défendre à la fois son canton et la Suisse entière ?
VS : Je ne crois pas. Nous sommes dans une logique de complémentarité. Bien sûr, chaque chambre met en avant ses atouts – Zurich, Vaud, Genève, etc. – mais nous travaillons aussi main dans la main. Les chambres sont des institutions privées, ce qui nous permet de critiquer le politique de façon constructive, tout en restant des partenaires privilégiés des autorités. Notre rôle est de valoriser les synergies et de parler d’une seule voix, en Suisse comme à l’international.

Genève est cette année le plus gros contributeur à la péréquation financière. Quel est son secret ?
VS : Pas de baguette magique, mais une grande diversité de pôles d’excellence. Cela crée un effet de compensation entre secteurs. Certains, comme le négoce de matières premières, contribuent de manière exceptionnelle : Genève concentre un écosystème unique au monde, où toute la chaîne de valeur est présente.
Ces dernières années ont été extraordinaires en termes de recettes fiscales, mais il faut rester prudent : la concurrence internationale est féroce. Quand une entreprise genevoise comme la SGS part pour Zoug après 110 ans, je préfère encore qu’elle reste en Suisse plutôt qu’elle délocalise à Dubaï ou Singapour.

Justement, la concurrence est aussi internationale pour la Genève internationale et les organisations onusiennes. Craignez-vous pour son avenir ?
VS : Oui, et cela me navre. Genève accueille 43 organisations internationales, 750 ONG et près de 200 missions diplomatiques. C’est unique au monde. Les retombées sont énormes : environ 5 milliards de francs par an et des dizaines de milliers d’emplois. Mais au-delà de l’économie, c’est une question de valeurs. Genève est le bastion du multilatéralisme, qui est aujourd’hui attaqué.
Il faut préserver cette capitale mondiale de la gouvernance, car elle sert l’ensemble de la Suisse, pas seulement Genève.

Le franc fort et les taxes douanières américaines inquiètent les exportateurs suisses. Quelles solutions voyez-vous ?
VS : Nos exportateurs ont déjà réduit leurs marges, et l’ajout de taxes américaines, combiné à la force du franc face au dollar, met une pression énorme.
Il faut donc diversifier nos débouchés. Les accords de libre-échange sont essentiels – par exemple, celui récemment signé avec l’Inde. Mais il faut aussi travailler sur nos conditions-cadres : fiscalité, réglementation, infrastructures. L’attractivité se construit, elle ne se décrète pas.

Et dans ce cadre, quel rôle jouent les chambres de commerce ?
VS : Les chambres de commerce, ce sont des dizaines de milliers d’entreprises et des centaines de milliers d’emplois. Elles remplissent deux missions principales : porter la voix de l’économie dans le débat politique, aux niveaux cantonal et national, et être une véritable place de marché, en facilitant les affaires entre entreprises, avec une forte dimension internationale.
Plus le monde devient complexe, plus nos chambres sont utiles. Contrairement à ce que certains pensent, elles ne sont pas des institutions poussiéreuses. Elles sont au contraire des lieux où l’intelligence collective s’exprime, autour d’une machine à café plutôt que derrière un écran.

Vincent Subilia (50) est né à Lausanne et a grandi dans le canton de Vaud. Mais c’est à Genève qu’il a mené toute sa carrière. Il passe son brevet d’avocat en 2003 avant d’intégrer la banque J.P. Morgan. Il fonde en 2009 AGIR – Action pour la Genève internationale et son rayonnement – une association pour sensibiliser la société civile à l’importance de la Genève internationale. Conseiller municipal en ville de Genève de 2012 à 2018, il siège maintenant au Grand Conseil genevois comme député PLR. En 2015, il est nommé directeur adjoint de la CCIG avant d’en devenir le directeur. Depuis 2025, il préside la Chambre de commerce et d’industrie suisse (CCIS).

« Dans un monde troublé, l’intelligence collective est indispensable. »

Le directeur de la CCIG Vincent Subilia a pris la présidence de la faîtière regroupant les 19 chambres de commerce suisses et du Liechtenstein en juin dernier.

Qui écrit les articles pour cette plate-forme

Découvrez l'expertise de furrerhugi dans influence.ch

#LongCovid – Un hashtag comme bouée de sauvetage

Le mouvement Long COVID montre de manière exemplaire comment les personnes concernées peuvent jouer un rôle clé dans l'amélioration des soins de santé.

Ce que vous devez savoir sur l’IA générative

Cinq conclusions d'une nouvelle étude qui incitent à repenser les choses.

Nouvel ordre mondial, nouvelles règles

Pourquoi les entreprises doivent faire de la géopolitique une priorité pour rester compétitifs dans un monde multipolaire

Un rappel à l’ordre urgent

La souveraineté interprétative perdue : comment l'Occident perd la bataille des récits et des valeurs et comment un réseau d'autocraties gagne en influence

La compétence en IA, un facteur de réussite

Pourquoi la maîtrise de l'intelligence artificielle détermine l'avenir des étudiants, des travailleurs et des entreprises

Propagande soviétique – elle fonctionne encore

Quand Poutine communique avec le monde, il tente de le manipuler selon les règles de l'art

Nouveau bureau de furrerhugi en Romandie

Une étape importante qui marque le renforcement de la présence de l'agence sur l'arc lémanique